Publié en janvier 2023, applicable dès la rentrée 2023, le plan maternelle restreint drastiquement l’ambition assignée à cette école première en priorisant deux missions qualifiées de « fondamentales » :

– “La première mission fondamentale de l’école maternelle consiste ainsi à créer les conditions de sécurisation de l’enfant dans son environnement scolaire comme dans ses apprentissages” modifie celle des programmes qui est “de donner envie d’aller à l’école pour apprendre, pour affirmer et épanouir leur personnalité, pour exercer leur curiosité sur le monde qui les entoure.”

– “La seconde mission fondamentale est d’installer les premiers apprentissages fondamentaux, autour de deux priorités : le langage et les premières notions de mathématiques”. Elle fait passer les fondamentaux devant les 5 domaines d’apprentissages des programmes de 2015.

Le ministère renforce donc ses prescriptions resserrées sur les apprentissages des “fondamentaux” français et mathématiques, eux-mêmes réduits aux compétences évaluées par les items des évaluations nationales standardisées en CP.

Les quelques éléments positifs que sont les formations intercatégorielles et le renforcement du lien aux familles sont largement contrebalancés par l’absence totale des moyens dédiés pour y parvenir.

La volonté affichée de mieux former les enseignant·e·s aux spécificités de la maternelle ne résiste pas à une lecture approfondie du plan : il s’agit bien d’imposer les bonnes pratiques” et de piloter les besoins en formation en s’appuyant sur l’analyse des évaluations nationales.

De la même manière, un large volet de la formation des directrices et directeurs est centré sur leur rôle de pilotage des projets pédagogiques et sur la formation à l’analyse des résultats aux évaluations de CP.

Cette mise en œuvre est chapeautée par un conseil des directrices·teurs qui regroupe l’équipe de circonscription et les directrices·teurs de maternelle, et qui a pour mission principalement l’analyse des résultats des évaluations de CP (y compris avec comparaison entre écoles) afin de « déterminer des axes de travail prioritaires constitutifs du projet d’école », ce qui dessaisit le conseil des maîtres·ses de ses prérogatives.

Culture de l’évaluation, pilotage des enseignements et des pratiques enseignantes, tout cela tourne le dos à l’école maternelle que nous voulons, une école attentive aux progrès de chaque élève au long de l’année qui donne le temps à chacun·e d’évoluer et d’apprendre en fonction de son développement.

La FSU-SNUipp réaffirme les spécificités d’une école première qui exige un engagement réel de l’Éducation nationale et des collectivités :

- le droit pour les parents de scolariser leur enfant à deux ans.

- la possibilité d’accéder à des dispositifs « moins de 3 ans » sur l’ensemble du territoire sans impacter les effectifs des autres classes et sans profilage des postes

- la baisse des effectifs partout et dans toutes les classes

- un·e ATSEM qualifié·e et formé·e à temps-plein pour toute classe accueillant des élèves de cycle 1

- des RASED complets et des recrutements en nombre d’enseignant·es spécialisé·es pour permettre une intervention dès la PS

- l’intervention d’enseignant·es d’UPE2A auprès d’enfants allophones dès leur arrivée

- des PDMQDC

- des formations spécifiques dès la formation initiale pour toutes et tous les enseignant·es, ainsi que de la formation continue sur temps de travail face élèves et ouvrir ces formations aux enseignant·es de tous cycles

- du temps institutionnel pour rencontrer les partenaires (familles, RASED, élu·es, PMI, AS…)

- des locaux et salles, du matériel adaptés

- un service public de la petite enfance.

Un plan maternelle contre l’école maternelle

Un plan maternel qui prône le pilotage et les apprentissages fondamentaux